jeudi 10 mai 2007

La question se pose encore...

S'il y a quelque chose de positif dans cette campagne et surtout dans cette victoire, c'est le fait que ça discute, et que j'ai quand même l'impression que pas mal de gens se posent des questions, surtout sur cette question: Qu'est-ce qu'on fait maintenant?
Je vais ici livrer mes impressions personnelles, disons la suite de ma réflexion, toujours non aboutie à l'heure qu'il est.

Il y a un mois, je prétendais sur un coup de sang "imaginer la France d'après" en illustrant le slogan de l'UMP avec des pavés.
Aujourd'hui, je n'en ai toujours pas lancé un seul, malgré les deux trois occasions qui se sont présentées depuis dimanche.
Comme je le disais précédemment, cette nouvelle, bien qu'attendue, m'a assommé, comme elle en a assommé beaucoup d'autres, je présume. Je me suis retrouvé avec ces sentiments contradictoires, qui je pense me constituent:

solution 1: colère; j'y vais et je défonce tout. J'ai des enfants et je ne veux pas vivre dans un état policier ultra-libéral, zone de non droit. Malheureusement, je ne me suis pas retrouvé dans une énergie de groupe qui me le permettait. J'ai un souvenir "d'actions" dans une manifestation d'intermittents du spectacle: invasion de la mairie de Toulouse, débranchement des ordinateurs, puis entrée avec effraction au siège de l'UMP. ça soulage mais quelle frustration quand les CRS déboulent. Et là, j'aurais pris des coups dans la gueule avec de la taule ferme, c'est un truc à devenir terroriste. Mais je crois que malheureusement ces émeutes et surtout la peur que les médias créent avec sont le fond de commerce de Sarkozy (cf Bush), c'est avec ça qu'il est devenu président, c'est avec ça qu'il risque de le rester au delà de ce mandat.

Solution 2: dégoût, voire haine de mes compatriotes. Je prend ma famille et on se casse loin de tout ça. Vous m'écrivez pour me tenir au courant? Je veux bien être compréhensif avec son électorat (heu 53%!), mais pas compatissant: vous l'avez choisi? Allez vous faire foutre: vous êtes assez cons pour croire que "le président des petits chefs" allait donner toute légitimité à tous vos penchants les plus minables, qu'il allait payer les lunettes de vos gosses et que vous pourriez acheter un appartement et une voiture avec l'argent des heures sup' exonérées. Pensée corporatiste, pensée française. Oui, si on vous file un plat de merde en vous disant que c'est de la mousse au chocolat, vous l'avalez et en demandez plus ("mais monsieur, c'est plus cher pour la merde!" "Tant pis, je suis prêt à faire ce sacrifice"). Pendant ce temps Monsieur se ressource sur son yacht en pensant aux ouvriers et à cette petite France dont il vient et qu’il aime et qu’il n’a pas envie de décevoir. Le président des petits chefs, n'oubliez pas qu'au dessus de lui, il y a les grands patrons.

Solution 3: me rapprocher de partis ou de mouvements politiques et prendre la température.
Voir s’il n’y a pas moyen d’agir en tant que militant. Problème: j'ai toujours détesté les manifs, je ne m'y suis jamais reconnu, coincé entre des guitares sèches et des djembés, ambiance saucisson ou étudiants. J'ai toujours eu peur et horreur des leaders, et dans une manif, j'ai l'impression d'être un mouton qui va se jeter dans la flotte. Donc me retrouver fiché dans un parti me fait très peur.
De plus, je trouve le discours "Sarko Facho et ceux qui ont voté pour lui aussi" un peu trop juste et nul, ce n'est pas si simple. La caricature et la démagogie sont partout et je refuse d'utiliser les mêmes armes que mes ennemis. Ceci dit il y a sans doute moyen de trouver des gens qui sont dans un autre questionnement, plus complexe.

Solution 4 : Continuer malgré tout à me consacrer en priorité à ce que j’ai envie de dire à travers la musique. Oui, mais il n’y a pas que la politique dans la vie. Si j’ai envie d’écrire sur autre chose ?

Solution 5 : Une approche plus cool du problème, genre action citoyenne, presque éducative auprès des jeunes générations. C’est sans doute la chose qui a le plus d’avenir et surtout le plus d’intérêt : éduquer les enfants sur l’image, sa dictature, sa manipulation, éveiller la curiosité, le « pense par toi-même et n’aie pas peur d’être unique ». Problème mineur : c’est un peu baba cool ce côté éducateur.

Le seul problème, au dessus de tout ça, c’est qu’il faudrait que j’ai une haute image de l’homme pour me lancer à corps perdu dans un tel truc et que c’est vrai que ces temps-ci, entre les uns et les autres, et aussi mon incapacité à être clair avec moi-même, je me fais beaucoup de soucis.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Solution # 6:
Fermer sa gueule et vivre sa vie pendant 5 ans.

Si Sarkozy est aussi orgueilleux qu'il en a l'air, il ne se présentera pas en 2012.

Il va échouer.

Contrairement à l'Angleterre, qu'il cite systématiquement en exemple, c'est un gouvernement de droite qui va mener une politique libérale de droite en France.

En Angleterre, les gens n'ont pas le choix, du moins, ils ne pensent pas l'avoir puisque c'est la gauche qui mène une politique libérale presque stalinienne (paradox? bloody hell yes!).

S'ils ne sont pas contents, il leur reste le parti conservateur ou le parti libéral démocrate ! What? Refuser le libéralisme du parti travailliste pour embrasser celui de la droite ? Hum, ben non, ils sont dans la merde !

Dans 5 ans, quand les français verront qu'ils ont pu acheter un téléviseur grand écran grâce à Sarkozy, mais que leurs gosses sont 45 dans leur classe, et qu'ils sont même pas au courant puisqu'ils travaillent plus pour gagner plus pour payer le crédit de la télé, Sarkozy partira en Californie replacer Schwartzie et la gauche plurielle, si elle arrive à s'organiser prendra la relève.

En tant qu'étranger, je n'ai pas pu voter dimanche dernier. Quand j'entends Sarkozy citer tout ce qui m'a fait partir d'Angleterre, et que je méprise, comme étant ses projets, ça me donne envie de me casser à Berlin aussi. Mais je reste persuadé que les français ont trop le goût de la vie, d'une vie de qualité, pour se laisser tenter à long terme. Ils sont juste inconscients. Le réveil sera rude mais dans 5 ans, la droite sera foutue dehors à coups de pieds au cul, j'en suis convaincu.
Donc, on baisse la tête, on garde le silence et on attend 2012.

Anonyme a dit…

Les hommes politiques des grand partis sont vide. Tout juste donnent-ils une direction pour qu'on les remplit de nos espoirs (de moins en moins) et de nos peurs (de plus en plus). Tout le personnage de Sarkozy est construit comme ça. Une habitante lui parle de racaille, il répète comme une machine. Et l'opposition le répète à son tour. Entre temps, tout s'est noyé et l'on rentre dans le pur procès d'intention. L'habitante savait de qui elle parlait, les meurtriers du gamin de cette banlieue. Qu'avait Sarkozy en tête ? Lui et rien que lui. Se mettre en scène. Sa personne occupe tellement sa tête qu'il n'y a plus la place pour un facho. Il y a les mots, et il y a les actes. Vu de l'étranger, ou seul ressortent les actes et non pas les polémiques stériles autour des mots, il est vu comme un mégalo de centre droit. Lorsqu'il cite des personnages de gauche, ou qu'il fait référence à la droite dure, certain font le choix de dire qu'il ment dans un cas. Je fais le choix de penser qu'il ment dans les deux. Il sera un président médiocre, il va faire du mal, mais ce sont les règles du jeu.
Il y a cette phrase, très lourde de sens liés aux colonies. "On a été colonisé parce qu'on était colonisable". Les événements actuels me ramènent toujours à cette phrase. On a été battu parce qu'on était battable. Pourquoi la faute reviendrait elle aux 53 % et pas aux 47 % qui n'ont pas été capables d'être plus nombreux. Ce qui me frappe et m'effraie dans les réactions actuelles, c'est l'absence totale d'auto-critique de beaucoup de personne (et je ne mets certainement pas KM dans le tas). Comme si les choses étaient tellement claires qu'elle pouvait se résumer a cette chose effrayante, il y a les gentils qui votent bien et les méchants qui votent mal.
C'est tellement évident qu'il n'est même pas nécessaire que le président Sarkozy fasse du mal que l'élection doit déjà être annulée pour certain. Qu'une minorité (car il ne faut pas se leurrer non plus, les manifestations violentes anti Sarkozy sont mal vues d'une bonne part des 47 %) décrète que l'élection d'un président doit être annulée, je trouve ça assez génial. Ces jeunes gens me semblent être des sortes d'élus. Et je n'ai qu'un rêve, vu leur clairvoyance, leur finesse politique, j'espère de tout cœur que Sarkozy, ébloui par tant de pureté non seulement démissionne, mais change juste avant la constitution pour que ces élus de la providence, au pouvoir si grand nous gouverne car eux savent ce qui est bon pour nous.
Je suis triste parce que Sarkozy a été élu. Mais j'aurai été triste de la même manière si Royal avait été élu. Toujours la même différence entre les actes et les discours. Bon nombre des lois de Sarkozy qui ont pu être voté n'étaient que des directives européennes déguisées, pour que le grand sketch politique continu. Il s'est fait traiter de facho pour des lois de ce type. Et je ne crois pas Royale moins européenne que lui. Le discours aurait été différent, mais la loi la même.
Nous sommes tous les acteurs d'une farce macabre, où l'on nous cache une vraie continuité politique sur des oppositions savamment fantasmées. Et plus les candidats se ressemblent (les trois finalistes : centre gauche, centre, et centre droit), plus les contorsions et la désinformation est grande pour donner l'illusion de la différence. Ayons une vision globale de ce qui devient de plus en plus une vaste plaisanterie. Combien de fois, la gauche a-t-elle fait passer des lois dont la droite revait et inversement. Avec la complicité des syndicats, toujours moins agressifs contre un candidat socialiste, un bon nombre de lois qui ne serait jamais passé avec un gouvernement de droite sont passés comme une lettre à la poste. Et inversement. Et je ne parle pas bien sûr de ces lois jamais appliqué juste voter pour faire dans l'illusion.
J'ai toujours voté à gauche, on m'a toujours dit que la gauche, c'était moins pire, alors qu'il fallait les pardonner, faire un effort, comme si la rose était une plante fragile dans cet univers libéral. Ils battent pour nous les petits, ils font de leur mieux. Forcement, ils doivent faire des compromis avec le grand capital, et le grand capital est gourmand, alors ce n'est pas de leur faute... Ils font de leur mieux.
Je ne descendrais pas dans la rue contre Sarkozy, c'est l'adversaire, et il a gagné. Je descendrais dans la rue, et j'aurai un peu plus fois en l'homme le jour où ce sera une manifestation contre la gauche, pour qu'elle soit différente.
Pourquoi y a-t-il une telle énergie contre Sarkozy ? Parce que tout le monde sait parfaitement, que si la gauche passe après, elle ne reconstruira rien de ce qu'il aura détruit, bien contente de n'avoir pas eu à faire ce sale boulot. Et de pouvoir passé à la suite du programme. Ce petit jeu est tellement malsain, que paradoxalement, moi, simple rmiste ait peut-être plus de chance sous Sarkozy que sous Royal. Sarkozy veut me faire bosser pour mériter mon RMI, Royal voulait du donnant donnant, que je bosse pour mon RMI. Il ne faut pas se leurrer, la pression de la rue sera-t-elle que j'ai vaguement plus de chance que ce ne soit pas appliqué sous un gouvernement de droite que de gauche. Ma sœur et mon beau-frère ont tous les deux voté Royal la mort dans l'âme, en étant totalement horrifiés par ses propositions sur l'éducation, pour le moins pire. Avec Sarkozy, la mobilisation contre commence déjà. Sur le forum, j'avais suggéré que la gauche nous refourguerait forcément quelque proche de très proche du CPE pour lequel tout le monde s'était battu contre, et cela a été le cas durant cette campagne sans que cela n'émeuve grand monde. Sarko le facho qui déteste les immigrés, il y a encore 2 semaines, Arnaud de Montebourg se moquait de lui qui avait fait entrer bien plus d'immigré que la gauche, qui elle arriverait à diminuer le nombre d'immigrés. Sarko le facho qui a la haine des sans papiers qu'il ne veut pas régulariser massivement comme le veut l'extrême gauche, mais Montebourg qui soutient que le PS est contre la régularisation en masse, c'est le silence. Mais c'est sûr que sous la gauche fragile, il ne fallait pas l'affaiblir...
Dernier point que je trouve emblématique. Sarkozy était pour la proportionnelle. Pourquoi ? Mais pour faire du pied au front national bien sûr. Les socialistes avaient une opinion tout à fait différente, rien à voir du tout ! Ils étaient pour la proportionnelle, mais parce que ça permet aux Français d'être mieux représenté. Le Sarkozy est fourbe, Royal c'est le bien.
Alors oui, il y a des petites différences. Mais la plus gros, c'est que malgré tout, les rares avancés sociaux, on les doit à la gauche. Que cet héritage paralyse l'électorat de gauche, c'est là le seul vrai problème actuel. C'est une attitude de servitude la plus basse à une politique du moins pire.
Je ne pense pas qu'il faille éduquer les plus jeunes, leur apprendre à décrypter. Parce que si le résultat, c'est éviter Sarkozy pour Royal, non merci. En plus, même si personne ne veut de ça, le côté éduquer les jeunes résonnent en moi comme des échos de lavage de cerveau. La manipulation, la désinformation sont le genre pratique qui est tellement généralisé, dans tous les bords qu'il s'agit du meilleur moyen soit de dégoûter de la politique, soit si l'on fait une éducation partisane (a la acrimed, qui ne voit la manipulation comme par hasard que chez leur adversaire) de n'apprendre que la haine de l'autre camp. Ce qu'il faut faire, c'est tout simplement avoir autre chose a proposé. Les gens n'ont pas de goût particulier pour la haine ou la violence, enfin, pas tous. Ils ne sont pas non plus qu'une bande d'êtres acéphales n'attendant qu'à être manipulés sauf si, les sauveurs de gauche de l'humanité arrivent à leur ouvrir les yeux. Où en sommes nous si une partie la gauche, à qui l'on attribue certaine valeur positive, arrive à être pour le mariage homosexuel, mais être étonné/scandalisé/surpris a l'idée qu'un président puisse être cocu. Ca c'est de l'attaque. On me rétorquera qu'il s'agit de la cerise sur le gâteau, tout comme les blagues sur la taille. Mais des cerises comme celle-là, je m'en passerai bien. Je n'ai jamais vu autant de sectarisme, d'autosatisfaction, et de prétention à gauche depuis longtemps. Au point qu'après avoir perdu, malgré une participation record, elle en est encore à montrer du doigt les autres, que c'est leur faute. Je serai un indécis, ou de droite, je verrai en la gauche qu'une masse haineuse et prétentieuse, se croyant de droit divin, mais n'ayant comme seul recourt pour se faire désirer à enlaidir pars tous les moyens, tout ce qui n'est pas elle... Des hystériques qui me gueulent dessus à longueur de journée que je vote pour un facho, et que donc je suis un facho qui s'ignore, il y a peut-être plus fin comme méthode.
Il n'y a qu'un monde, et dans ce monde, on se fait baiser depuis trop d'année. Ras le cul de ceux qui rêvent d'un autre monde un djembé à la main, se prenant pour un saint empli d'amour, qui brûle aujourd'hui une poubelle en méprisant quiconque ne pense pas comme lui, et qui sous la gauche retournait mener la dolce vita au bord de la Garonne, mais surtout pas trop loin de "la couleur de la culotte", pendant que tout se privatisait, pendant que la loi des 35 heures était modifiée au bon vouloir des grands patrons et au mépris des PME. Les révolutions, les émeutes ne marchent pas, ne marchent jamais, il ne s'agit que d'un mythe républicain totalement construit. Tout ça ne sert que le pouvoir en place, en deux temps, les conforter car tout le monde, en cas de violence, préfère l'ordre au désordre. Et que systématiquement, l'ancien pouvoir se regenere dans cette opposition, en faisant des exemples. Tout est récupéré. Si la gauche a besoin de facho pour se faire élire, la droite a besoin de casseur, d'immaturité et de violence. Quiconque a des réflexes d'enfant qui n'a pas eu son jouet donne du poids à Sarkozy. Mes parents ne sont pas encore atteints du syndrome de Stockholm, et tout socialiste qu'ils sont, tout ce qui brûle en bas de chez eux ne fait qu'augmenter leur liste des connards incapable de faire quoi que ce soit pour que concrètement, et au jour le jour, on vive un peu moins mal. Et qui leur pourri la vie. Mais c'est vrai, j'avais oublié, un journaliste de libération nous montrerait une vision bien plus réaliste, mes parents, immigrés de gauche seraient sans doute présentés comme ces immigrés ingrats qui ferment la porte a la nouvelle génération, des gens qui votent à gauche, mais qui sans s'en rendre compte sont rongés par le ver fascisme. Ils n'applaudissent pas à tout ce qui brûle en bas de chez eux, ma mère n'a jamais dit, un toast d'œuf de lump a la main, : tiens, regarde mon amour, une maternelle qui brûle, youpi, sur son yacht, sarkozy doit atrocement souffrir, lui qui nous aimes tant, il doit compatir, il doit se demander quand est le prochain avion pour venir demissioner, avec si possible un vol assez long pour qu'il ait le temps d'écrire une rédaction sur :"racontez vos vacances, et dites comment vous vous êtes rendu compte que vous étiez pas très gentil et que c'est pour ca que vous allez demissioner".
J'ai entendu une fois une personne dire que l'on pouvait mesurer le degré de liberté d'une société avec la facilité avec laquelle on peut choisir de changer de vie. Dans cet espace de manoeuvre que l'on a ou non pour faire autre chose. C'est je crois assez juste. Je n'attends pas à avoir la moindre approbation autour de ce message, je me plante très certainement. Mais c'est valable pour tout le monde. Et c'est ca le drame de l'engagement chez un artiste, ca le met tout à coup au même plan que tout le monde. Je pense qu'il y a une solution 6 utiliser cet espace de manœuvre pour faire ce qui tient vraiment à cœur. Sans vouloir sortir les grands mots, mais en le faisant quand même, ce qui est véritablement en danger, c'est la liberté, a commencé par celle de ne pas avoir a se forcer a faire dans l'engagement. D'autant plus qu'utiliser sa liberté pour faire ce que l'on veut. On ne convainc personne avec des chansons, si l'auditeur est du même coté, ca peut soulager si c'est bien fait, et encore. Par contre, une chanson, ca peut créer un espace de liberté. Et un espace de liberté, ca y donne goût. Alors que tout se polarise, que deux clans se dessinent vulgairement(et surtout médiatiquement), qu'un auteur qui a écrit "reste en dehors" dans Bienvenue se pose la question de rentrer m'inquiète. Et à l'air de l'inquiéter :"Oui, mais il n’y a pas que la politique dans la vie. Si j’ai envie d’écrire sur autre chose ?". C'est cet autre chose qui m'a toujours fasciné, de diabologum à expérience. Je n'aurai rien contre un aspect plus politique s'il n'est pas forcé, et ce même, si les opinions exprimées ne sont pas les miennes. Et de toute façon, je n'y crois pas. Ça doit être dur à vivre, mais j'ai toujours vu la carrière de KM comme une succession de refus à ne pas faire "autre chose".
Sarkozy peut faire beaucoup de mal aux libertés, mais rien n'est irrécupérable tant qu'un maximum de personne reste libre. Mais, le vrai danger pour la liberté et l'esprit critique est ailleurs, dans l'engagement dans une guerre d'image et non pas d'acte. Utiliser sa liberté individuelle est pour moi le seul acte valable. La gauche a eu le plus de succès chez les 18-24 ans. Ce n'est pas innocent, je pense, c'est l'âge où l'on peut voter en étant encore très partiellement protégé de l'horreur économique, et où l'on peut le plus facilement se laisser porter par les belles images, des djembés et des violons. Et passé 24 ans, quand il n'y a, plus que le bruit du réveil matin, le taux chute. Ils ne le savent pas, mais c'est statistique, il y a un mec aujourd'hui, qui a 20 ans, qui prépare sa banderole anti-sarkozy, dans 5 ans, il aura passé la date de validité, il votera à droite. Et il ne sera pas seul. Pourtant il va en jeter des pavés, il va en mépriser des gens du haut de sa suffisance. Il se rendra aussi peut être compte que libération a le même rapport a la réalité que le figaro, mais pour l'autre camp. C'est vieux comme le monde, la jeunesse emmerde le front national, mais en vieillissant, elle vote déjà plus pour lui. C'est que les jeunes sont si cool, et les vieux si cons? Ou que les jeunes si manipulables, et les vieux si aigri d'avoir été manipulé qu'ils envoient tout chier et tombent dans l'excès inverse ?
S'il y a une chose à retenir de ces élections, c'est de les mettre en perspective avec les précédentes. Si Le Pen a été au deuxième tour, ce n'est pas parce qu'il a été bon, ce n'est parce que les gens ont voté pour lui (enfin, oui, en partie). C'est parce que les autres candidats ont été minables. Une bonne partie de ceux qui font aujourd'hui la morale aux votants, qui distribuent des bons points de démocratie et de politique, sont des gens à la conscience politique si évolué qu'ils ont mis Le Pen au second tour. Mais encore une fois, comme la si bien montré Saez a ses dépens avec sa chanson de merde de l'entre deux tour, c'était pas de sa faute a lui, si lui avait piscine et pas les électeurs frontistes. Anti-fasciste et résistant en intérim, surtout en chanson ou après coup. Sa seigneurie Saez a donc pris sa carte d'électeur, il a mis sa précieuse enveloppe dans l'urne, et honte des honte, a son contact, tous les bulletins ne se sont pas métamorphosé en vote pour Royal. Alors que non seulement il avait voté, mais il avait chanté, il avait résisté ! Parce que voter, le droit le plus élémentaire, le b.a-ba de la politique, c'était résister. Chanter que Le Pen est pas gentil aussi. Je parle de ca pour conclure. Les réactions violentes, les incompréhensions, et les divisions viennent du fait que comme Saez, ou le Saez de droite (s'il y en a un), il n'y a pas de place pour le doute. Et on en revient toujours à cette autre chose, qui apparaît toujours, même sur le blog, entre diverse proposition plus ou moins excessive ou contradictoire. Bref, cher Papa KM, quand tu descendras du ciel pour noël avec ton nouvel album, mais y plein de bonne chanson ou tu parleras de tout ce que tu veux, politique, chasse, pêche, nature, tradition, famille, patrie. Absolument tout. Tu peux même être pour la corrida. Le #3 est sortie en même temps qu'Evil Empire de Rage Against the Machine. J'ai commandé un sondage à la Sofres, sans aucune allusion trop directe dans les paroles, 60 % des auditeurs du #3 ont lu des livres après, on eut leur curiosité culturelle titillée, 5 % ont acheté un tee-shirt du Ché, et 5 % ont voté Sarkozy. Au contraire, 95% ont acheté un porte clef du ché après l'achat du cd des RATM, et 70% sont aujourd'hui à l'UMP. C'est la triste réalité. Une liberté esthétique (musicale), ca a toujours des conséquences dans la manière d'appréhender la vie. Simone Weil (et pas Veil)"Note sur la suppression générale des partis politiques", et Pessoa et son banquier anarchiste. Je ne suis pas sur que je les aurai lu sans avoir connu diabologum, alors qu'il n'y aucune référence. Et ce sont deux livres qui montrent je trouve très bien les risques de tout engagement dans les conditions actuelles. On vit bien en état de guerre, ou chaque personne compte. Voila a quoi contribue, et ce n'est qu'un exemple, un album un peu hors norme. A chercher autre chose. Si on enlève le doute a ce message, si on ne prend qu'indépendamment chacune de ses solutions, on tombe sur les mêmes idées qui parcourent les blogs. Mais la, heureusement, il n'y en a pas qu'une. Car la plupart des solutions me feraient imaginer des créations avenir, qui me plairait sans doute, qui me conforterait sans doute dans mes opinions, que je pourrai même peut-être écouter avec un Saez déprimé à l'idée de ne pas faire le poids. Mais qui ne me ferait ouvrir aucun livre, qui ne me ferait voir aucun film.
On vit dans un monde complétement rongé par la paranoîa, rentrer dans cette paranoia, c'est immédiatement perdre sa liberté. Tout est critiquable, on a même sans doute une des présidents les plus critiquable depuis longtemps. Mais ce à quoi on assiste depuis peu, ce n'est pas une critique, ce n'est même pas une rebellion. Et mon camp naturel me fait tout aussi peur, l'impression de voir un remake de l'exorciste ou des gens qui se disent citoyen ou démocrate sont possédé par le démon de la haine partisane, mais partisane de neant dans le cas de tous les Saez et Saezette. Et c'est pas avec eux qu'on reconstruira quoi que ce soit. Je maintiens, un bon album, capable de montrer qu'il existe autre chose dans ce bas monde et mille fois plus utile.

Voila, désolé pour la longueur/contenu.

Anonyme a dit…

Je suis arrivé au bout : ENFIN un discours qui tient la route depuis dimanche, depuis longtemps. Merci, j'ai eu peur de ne jamais lire ces lignes.

Anonyme a dit…

je voulais répondre au message de Km et puis voilà ce très long et passionnant message de torless

je vais essayer d'être concise
D'abord pour Km :
oui la révolte, la colère cela n'apportera rien de bien constructif et jouera le jeu de l'insécurité de Sarko

j'ai eu ce sentiment aussi de me dire "et bien il y a qd même 53 % de gens qui l'ont choisi, bcp n'ont pas bien compris ce qui les attendait et bien tant pis pour eux et qu'ils ne viennent pas râler"

Se rapprocher des partis, jamais je ne le ferai, j'ai de grands idéaux, de belles convictions mais je veux garder ma liberté d'agir, de penser, et je ne crois pas qu'un parti me convienne dans sa totalité, et puis les personnes aussi, c'est dur à dire mais ce n'est pas facile de trouver des personnes qui incarnent parfaitement les idées , les envies que l'on a pour notre société...
et puis à mon âge on commence à accumuler quelques ex-espoirs déçus, je commence à être blasée ..

Je pense que la solution de l'éducation est primordiale, je suis sidérée par le nombre de personnes autour de moi qui ont voté Sarkozy pour des raisons complètement rocambolesques : il présente mieux etc .... ou parce qu'ils avaient cru les aberrations angoissantes véhiculées par cet homme

Attention je ne dis pas qu'il faut éduquer les enfants pour en faire de futures générations gauchistes
Mais qu'on se trouve face à des adultes qui puissent faire preuve de sens critique et justifier un vote sarko pour des choix ou des convictions rééllement politiques et non pour des raisons farfelues

Torless : je comprends et j'ai trouvé passionnante ton analyse, mais sur plein de points je ne peux pas te rejoindre

je n'aurais pas été triste de l'élection de Royal et pourtant ce n'est pas ma tasse de thé et c'est sans doute l'une de celle qui a fait les pires choses pour l'école quand elle s'en occupait
Royal est ce qu'elle est, avec les incompétences qu'elle a , mais derrière elle il n'y avait pas ce climat malsain, ces réseaux absolument effrayants du monde médiatico-économiques
il n'y avait pas derrière Mme Royal la même peur et les même craintes pour le devenir de notre société que celles qu'on peut avoir concernant une présidence Sarkozy
et j'insiste bien sur le SARKOZY (pas forcément une présidence UMP)

Plus que des idées que je ne partage pas il y a là l'accession au pouvoir d'un homme qui peut s'avérer extrèmement dangereux